Une des possibles raisons de la stagnation du monde
Euh avant toute chose, malgré le titre, cet article ne contient pas la grande révélation du pourquoi du comment, c'est simplement une réflexion, plus ou moins hirsute.
C'est une réflexion qui m'est venue aujourd'hui dans la voiture, d'on ne sait où.
En laissant traîner mes oreilles un peu partout, en écoutant les gens, écoutant la télé, la radio, lisant sur internet, lisant les journaux et divers articles qu'on peut trouver, on peut constater certaines choses :
- nous sommes dans l'ère du tout, tout de suite, et avec le moins d'efforts possible
- l'enjeu quotidien est "être"
Je m'explique : la plupart du temps, en vrac on peut entendre des choses du genre "je veux être belle", "je veux être fort", "je veux être heureux", "je veux exister". Et puis bien sûr, il y a les "soyez" : "soyez sûrs de vous", "soyez rapides", etc.
Ben moi il y a un truc qui me choque là-dedans. On pourrait me prendre pour un linguiste après ça, mais ce n'est pas vraiment ça. Tout cela ne ramène qu'à des états, des choses accomplies, immuables, acquises.
Et le verbe "devenir" dans tout ça ? Couplé à la culture du "tout, tout de suite", ça devient des choses absurdes comme "je veux être heureux demain", "je veux être fort dans deux heures". Il n'y a pas de place pour la projection, pour l'objectif, pour le mouvement.
Essayerions-nous d'oublier ou de léser le temps ? Grave erreur mes amis. Le temps n'aime pas vraiment ça et il peut être plutôt dur lorsqu'il se venge.
Qu'est devenu le fameux adage "on apprécie d'autant plus une victoire qu'elle nous a coûté" ?
Je suis devenu fort ou heureux deux heures après l'avoir voulu, ça y est. Je fais quoi après ?
Où sont passés en deux heures les efforts, le doute, l'angoisse, l'espoir, l'envie, les sentiments que l'on ressent lorsqu'on se voue à quelque chose ? Quelle valeur accordons-nous aux choses que l'on peut obtenir sans faire d'effort ? Ne vous donnez pas la peine de réfléchir : aucune. On n'accorde aucune valeur à ce qui ne nous coûte rien.
Alors nous stagnons, d'état en état, parce que nous ne projetons plus rien puisque ça ne coûte plus grand chose en effort ou en temps. On vit de plus en plus longtemps et paradoxalement on prend de moins en moins de temps pour faire les choses. Prendre plus de temps pour faire plus de choses ? Mais à quoi ça sert de faire un nombre incalculable de choses si l'on ne profite pleinement d'aucune d'entre elles ?
On nous vend des machines qui musclent sans efforts, on nous vend du speed dating, on nous vend tous un tas de truc pour aller plus vite, pour finalement ne pas avoir grand chose.
Richesse de l'être ? Profondeur d'âme ? Non merci, je préfère le dernier téléphone portable.
Ça vous donne pas envie de devenir vendeur de savon et d'ouvrir un club de boxe clandestin dont les ramifications s'étendront dans le monde entier ?
Attention je ne suis pas anti-progrès, il faut évoluer sinon c'est la perdition. Mais personne n'a dit de foncer comme des boeufs !
Vous voulez être heureux ? J'entends parler d'épicurisme ? Rappelez-vous un certain Rabelais : "science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
Quand c'est facile, de temps en temps ça repose, il faut un peu de tout. Quand c'est facile tout le temps, c'est avilissant.
J'en viens presque à penser que la difficulté est un cadeau.
En projetant, en devenant, n'existerions-nous pas sans même y penser ?
Ah une dernière chose, je n'ai jamais dit que c'était facile. C'est sans doute pour ça que ça en vaut la peine.:p
Oarf, ça me fatigue de penser parfois, je vais me coucher, peut-être que je rêverai d'avoir des nonos à mon réveil... (grmph ça va pas la tête)