Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Tanière du Loup Hirsute
28 décembre 2008

Une pensée, une personne, un recueillement.

Il était étrange. C’était le genre à lever les yeux au ciel, avec un mélange de lassitude et de tendresse dans le regard, l’air de dire « toi là-haut, tu ne manques pas de culot », comme s’il parlait à un vieil ami, un sourire invisible au coin des lèvres et la clope au bec.

Il était étrange avec son air étonné un peu forcé, car je savais bien moi qu’il ne s’étonnait plus de rien.

Il était étrange avec sa patience et son agacement, avec sa façon de dire « je sais » et sa façon de ne rien dire. Je suppose qu’il savait beaucoup plus qu’il n’en avait conscience, et que s’il se taisait souvent, c’était plus par habitude et convention que par ignorance.

Il était étrange au pied de son arbre à somnoler, à dégager cette impression de sérénité lui qui d’ordinaire n’était pas si serein.

Il était étrange avec son rire de photo jaunie et ses anecdotes drôles, et ce comportement de mer d’huile qui se mue en volcan lorsque tout va à vau-l’eau.

Il était étrange, vu par des yeux de petit garçon à peine ouverts qui ne transpercent pas les choses. Et aujourd’hui par mon regard d’adulte il demeure une énigme, comme nous le devenons tous dans la mort, et plus jamais je n’aurai la possibilité de le voir à nouveau.

Il est certain qu’il serait toujours étrange, mais cela n’aurait pas d’importance, on devient moins gêné par ce qui est étrange lorsqu’on peut l’étudier à loisir et finalement l’apprécier parce que c’est là.

Il était étrange, lui, moi.

Publicité
Commentaires
La Tanière du Loup Hirsute
Publicité
La Tanière du Loup Hirsute
Archives
Publicité